Les
origines lointaines et la période médiévale
L’étymologie de Villers-lez-Heest
témoigne d’un établissement humain particulièrement
ancien sur le territoire actuel de l’ancienne commune. Le toponyme
« Villers » désigne généralement
un lieu occupé par une ou plusieurs « villa » à
l’époque gallo-romaine. Ce fait est par ailleurs attesté
ici par l’archéologie puisque deux lieux ont en effet livré
quelques vestiges révélateurs de cette époque.
Néanmoins, aucun vestige d’ordre religieux n’a été
découvert.
Il en est de même pour la période médiévale.
À l’instar de sa proche voisine de Warisoulx, la paroisse
de Villers-lez-Heest ne conserve aucune trace matérielle
de son passé médiéval. La taille particulièrement
réduite de la communauté villageoise ainsi que la nature
du lieu – essentiellement recouvert de zones boisées –
n’ont pas permis un développement important.
À la fin du XIII
ème siècle, Villers
est politiquement possédée par le Comté de Namur
qui y exerce ses droits sur la plupart des habitants. Du point de vue
religieux, le lieu est lié au diocèse de Liège
durant tout l’essor et le déclin du Moyen-Âge.
Une
nouvelle donne territoriale
Au XVIème
siècle, la tutelle de Liège prend fin. Une réorganisation
de la cartographie religieuse s'impose.
D'une part, la répartition des circonscriptions ecclésiastiques
de nos régions (treize diocèses) remontant pour la plupart
à l'époque romaine ainsi qu'au Haut Moyen-Âge ne
correspond plus du tout au découpage politique des XVII Provinces.
À ce moment, les treize diocèses dépendent de trois
provinces ecclésiastiques situées hors du pays : Cologne,
Trèves et Reims. Le diocèse de Liège, bien plus
étendu que la Principauté de Liège elle-même,
dépend plus particulièrement de l’archevêché
de Cologne. Cette organisation ne tient d’ailleurs compte ni des
langues parlées, ni de l'accroissement démographique.
Une telle organisation chaotique génère nécessairement
des problèmes de communication, particulièrement handicapants
dans une Europe secouée par les idées des réformateurs.
Les visites irrégulières dans les paroisses n'assurent
plus vraiment aux autorités ecclésiastiques un contrôle
efficace du clergé.
D'autre part, depuis l'hérésie de Luther au début
du siècle, les progrès du protestantisme préoccupent
avec acuité nos souverains catholiques, Charles Quint puis Philippe
II. Comment « sauver » ce qui reste à sauver du catholicisme
? Une réorganisation rigoureuse de la répartition des
diocèses donnerait ainsi une plus forte cohésion aux XVII
Provinces et assurerait au souverain la nomination - et le contrôle
partiel ! - du corps épiscopal. Un tel remaniement constituerait
dès lors une arme efficace pour juguler les idées novatrices
des réformés, un réel tremplin pour les idées
de la Réforme catholique.
Le 12 mai 1559, le pape Paul IV consent à la réorganisation
des évêchés dans nos régions. La bulle Super
Universas supprime l'ancienne répartition et subdivise le territoire
de nos régions en trois provinces ecclésiastiques en tenant
notamment compte de l'aspect linguistique : voient ainsi le jour les
archevêchés de Malines, Utrecht et Cambrai - ce dernier
incluant les nouveaux diocèses d’Arras, Tournai, Saint-Omer
et celui de Namur.
À la mort de Paul IV (1559), le nouveau pape Pie IV confirme
la bulle de son prédécesseur. Les limites du nouveau diocèse
de Namur sont définies. Bien que cette délimitation
religieuse n’ait que peu à voir avec les limites de l’évêché
d’aujourd’hui, les sept paroisses de notre secteur actuel
de Meux-Rhisnes y sont déjà incluses. Le Projet de
dotation et de circonscription de 1560 prévoit la tutelle
de l’évêché de Namur sur : Bonesche, Esmynes
(et hameau de Huglise), Meux (et hameaux de Mehaignoulle,
Scley et Trypsee), Rysnes, Saint-Denys (et hameau de Isnes-Sauvages
– bien que certains textes en fassent une dépendance de
Bossière), Viller le heste et Waristoul.
La bulle Ex Injucto (11 mars 1561) en assure l’application.
Le Registra Vaticana de cette même année fait
mention de la création des paroisses suivantes : Bovesche,
Lesmynes (et hameau de Huglise – Saint-Martin-Huglise),
Meux (Scley – Sclefhaie), Rysnes, S. Denis,
Viller le Heste et Waristoul.
Toute cette réorganisation fait inévitablement ombrage
aux anciens privilèges : ceux de la noblesse, ceux des abbayes
brabançonnes – dont ceux de Villers-la-Ville, abbaye ayant
détenu les droits de corvée sur la ferme d’Ostin
depuis 1231 ! – et particulièrement ceux des évêques
liégeois. En 1562, le chapitre de Saint-Lambert s’oppose
d’ailleurs fermement à l’installation du premier
évêque de Namur. Quelques chanoines et le doyen du chapitre
de Saint-Aubain sont même menacés par la justice liégeoise
sans que toute cette affaire ne tracasse les ouailles de nos paroisses.
Quoi qu’il en soit, ce remaniement territorial mené parallèlement
au catholique Concile de Trente atteint son but : un meilleur contrôle
du clergé dans la lutte contre la dissidence protestante. Les
diocèses sont maintenant subdivisés en entités
inférieures, les doyennés, ceux-ci étant constitués
des différentes paroisses dont le guide avait « charge
d’âme » (cura animorum). C’est d’ailleurs
de cette appellation que dérive le terme de « curé
».
Depuis au moins 1575 sur l’emplacement de l’actuelle église
Saint-Georges, une modeste chapelle était à la disposition
des fidèles du hameau de Villers-lez-Heest.
Ne subsistent de cet édifice qu’une pierre tombale ainsi
qu’une statue équestre de saint Georges, toutes deux conservées
dans l’église contemporaine. Cette chapelle dépendait
directement de la proche paroisse d’Émines. En 1738, quelques
habitants, estimant ce lieu de culte vétuste et trop exigu, décident
d’un réaménagement de la bâtisse qui se fait
conjointement avec la construction du « château des Pitteurs
» immédiatement voisin.
Le
séisme révolutionnaire
En
1794, à la suite des troubles révolutionnaires secouant
notre puissant voisin français et conséquemment à
la victoire française de Fleurus face aux Autrichiens, la «
Belgique » est annexée. Villers-lez-Heest
fait maintenant partie intégrante du département de Sambre-et-Meuse
et subit dès lors la vindicte des lois françaises, notamment
les lois restrictives au niveau de la pratique du culte.
En 1801, conséquemment à la signature du Concordat entre
Bonaparte et le Saint-Siège, bien que sous conditions, le culte
catholique est rétabli. Les paroisses sont réorganisées
en fonction de la législation concordataire de 1803-1804, puis
de 1807-1808. Napoléon reconnaît les nouvelles circonscriptions
paroissiales arrêtées par les évêques, en
accord avec les préfets. Attachée au diocèse de
Namur, la communauté de Villers-lez-Heest dépend
en 1808 de la paroisse d’Émines. Elle est ensuite mise
sous la tutelle du doyenné de Leuze en 1837 et érigée
en chapellenie par arrêté royal en date du 19 juin 1845.
Cette même année, la chapelle est réaménagée
par les soins de la commune. Le hameau d’Ostin
est quant à lui lié à la paroisse de Dhuy en 1808.
Érection
de la nouvelle paroisse Saint-Georges
En 1889,
un arrêté royal (11 février) prévoit la création
d’une nouvelle paroisse autonome pour le village de Villers-lez-Heest,
sensiblement plus peuplé qu’antérieurement. Il est
confirmé par décret épiscopal en date du 9 avril.
La fabrique décide immédiatement de la construction d’une
véritable église sur l’emplacement de l’ancienne
chapelle, non loin de la fontaine Saint-Georges au pied de laquelle
les jeunes parents priaient le saint britannique pour obtenir la guérison
de la « croûte de lait » de leur enfant.
Les plans
du nouvel édifice dédié au saint patron de l’Angleterre
sont particulièrement audacieux et originaux pour la région
puisqu’ils sont de style ogival anglo-saxon. La construction de
la nouvelle église se termine en 1891 grâce au dynamisme
du conseil de fabrique et particulièrement sous l’impulsion
financière de Léon de Pitteurs, propriétaire du
château adjacent. La commune en assure l’ameublement en
1892.
Situation
actuelle
En 1958,
la paroisse Saint-Georges de Villers-lez-Heest
est toujours dépendante du doyenné de Leuze. Dans le même
temps, le doyenné de Saint-Servais voit le jour.
Deux années plus tard est érigée la région
pastorale de Namur comprenant les doyennés d’Andenne,
Auvelais, Fosses-la-Ville, Gembloux, Jambes, Leuze, Namur et Saint-Servais.
En 1979, la paroisse de Villers est détachée
du doyenné de Leuze et liée à celui de Saint-Servais.
La même année elle est incluse au secteur pastoral
de Meux–Rhisnes, faisant lui-même partie intégrante
du doyenné de Saint-Servais.
Collecte des informations, texte & photos
: E. Lw. (février 2005)
© Paroisse de Villers-lez-Heest (ce document peut être
copié tel quel en faisant simplement mention de la référence
du site web ainsi que des sources utilisées)
Source
des informations :
R. DELOOZ, La Bruyère. Commune du Namurois, Namur, 1986.
E. DE MOREAU s.j. (sous la dir. de), Histoire de l’Église,
3ème éd., Tournai-Paris, Casterman, 1931 (Collection belge
de manuels d’histoire).
E. DE MOREAU s.j., Histoire de l’Église en Belgique,
t. V : L’Église des Pays-Bas (1559-1633), Bruxelles,
L’Édition Universelle, 1952.
J. GENNART s.j., Diocèse de Namur. Paroisses et
édifices du culte. 1808-1979, Namur, Céruna, 1980
(Répertoires Meuse-Moselle).
F. JACQUES, Le diocèse de Namur en mars 1561. Étude
de géographie historique, Bruxelles, Palais des Académies,
1968.
C. J. JOSET s.j. (et collab.), Répertoire, par diocèses
et doyennés, des paroisses en 1789, Namur, Ceruna, 1980
(Répertoires Meuse-Moselle).
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